Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/443

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Le fanatique de Schœnbrunn, disait l’Empereur, était le fils d’un ministre protestant d’Erfurt, qui, vers le temps de la bataille de Wagram, résolut d’assassiner Napoléon en pleine parade. Déjà il était venu à bout de percer l’enceinte des soldats qui retenait la foule éloignée de la personne de l’Empereur ; déjà il en avait été repoussé deux ou trois fois, quand le général Rapp, voulant de nouveau l’éloigner de la main, rencontra quelque chose sous son habit ; c’était un couteau d’un pied et demi de long, pointu et tranchant des deux côtés. « J’en ai frémi en le considérant, disait l’Empereur, il n’était enveloppé que d’une simple gazette ! »

Napoléon se fit amener l’assassin dans son cabinet : il appela Corvisart, et lui ordonna de tâter le pouls au criminel, tandis qu’il lui adressait la parole. L’assassin demeura constamment sans émotion, avouant son acte d’une voix ferme, et citant souvent la Bible.

« Que me vouliez-vous ? lui dit l’Empereur. – Vous tuer. – Que vous ai-je fait ? Qui vous a établi mon juge ici-bas ? – Je voulais terminer la guerre. – Et que ne vous adressiez-vous à l’Empereur François ? – Lui ! Et à quoi bon ! Il est si nul ! disait l’assassin. Et puis,