Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/444

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lui mort, un autre lui succéderait ; au lieu qu’après vous les Français disparaîtraient aussitôt de toute l’Allemagne. »

Vainement l’Empereur chercha à l’émouvoir. « Vous repentez-vous ? lui dit-il. – Non. – Le feriez-vous encore ? – Oui. – Mais si je vous faisais grâce ? » Ici pourtant, disait Napoléon, la nature reprit un instant ses droits ; la figure, la voix de l’homme s’altérèrent momentanément. « Alors, dit-il, je croirais que Dieu ne le veut plus. » Mais bientôt il reprit toute sa férocité. On le garda à l’écart plus de vingt-quatre heures sans manger ; le médecin l’examina encore ; on le questionna de nouveau ; tout fut inutile, il resta toujours le même homme, ou pour mieux dire une véritable bête féroce, et on l’abandonna à son sort.


Partis à prendre après Waterloo.


Mercredi 3.

L’Empereur, dans la matinée, a travaillé à l’ombre dans le jardin. Le temps était superbe, le jour des plus purs et des plus beaux. Il lisait l’expédition d’Alexandre dans Rollin ; il avait plusieurs cartes étendues devant lui ; il se plaignait d’un récit fait sans goût, sans intention, qui ne laissait, disait-il, aucune idée juste des grandes vues d’Alexandre ; il lui prenait envie de refaire ce morceau, etc., etc.

Sur les cinq heures, j’ai été le joindre dans le jardin ; il s’y prome-