Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/476

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trompé, on m’avait assuré que Napoléon était si vieux ! mais il n’en est rien, le b… a encore au moins soixante campagnes dans le corps. »

Nous étions jaloux de ce propos, disions-nous, il était trop français, nous le réclamions pour un de nos grenadiers ; et nous avons raconté à notre tour à l’Empereur un grand nombre de bons mots de nos soldats, durant son absence et lors de son retour ; il en a été fort amusé. Un surtout l’a fait beaucoup rire, c’était la réponse d’un grenadier à Lyon.

M. le comte d’Artois, accouru en toute hâte lors du débarquement de l’île d’Elbe, y passait une grande revue : il disait aux soldats qu’ils étaient bien vêtus, bien nourris, que leur solde était à jour ; à quoi le grenadier auquel il s’adressait répondait à chaque observation : « Oui, assurément. – Eh bien ! conclut le prince d’un air confiant et proscripteur, vous n’étiez pas de la sorte avec Bonaparte ? il y avait de l’arriéré, on vous devait ? – Eh ! qu’est-ce que cela fait, repartit vivement le grenadier, s’il nous plaisait de lui faire crédit ! »