Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/475

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cipes ; il n’y eût eu en Europe qu’une seule flotte, une seule armée ; nous aurions joint nos intérêts et nos efforts ; nous nous serions attelés ensemble pour marcher avec plus de certitude au même but ; nous aurions gouverné le monde, nous aurions fixé chez tous le repos et la prospérité, ou par la force ou par la persuasion…

Oui, encore une fois, que de mal nous avons fait ! que de bien nous pouvions faire ! »

Jamais Napoléon n’avait été plus causant, et il rit plus d’une fois de la volubilité avec laquelle je m’efforçais de rendre la rapidité de ses expressions ; pour le colonel, il nous quitta saisi, confondu, ébloui.

Après son départ, l’Empereur a continué de causer longtemps dans le salon, il a ensuite gagné le jardin, en dépit du mauvais temps ; il a fait appeler tout le monde, il a voulu connaître et lire les déclarations que nous avions faites : elles sont devenues le sujet de la conversation…

Quatre bâtiments sont arrivés aujourd’hui d’Europe ; ils amenaient le 66e, et avaient quitté l’Angleterre avant le départ du Phaéton, frégate qui a amené le nouveau gouverneur, sir Hudson Lowe.

Après le dîner, l’Empereur nous a raconté fort plaisamment le dire du plus vieux soldat du 53e, qui, l’ayant vu hier pour la première fois, était retourné à ses camarades en leur disant : « On m’avait bien