Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/508

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tier-général à Castel-Novo, entre l’Adige et le Mincio. Il était là plus à portée de recevoir les rapports de toute la ligne.

Dans le courant de la nuit, il apprit que Joubert, attaqué à la Corona par toute une armée, avait résisté tout le jour ; mais qu’il venait de se replier sur le plateau de Rivoli, que Masséna occupait en grande force ; que des lignes nombreuses de feu couvraient toutes les montagnes entre le lac de Guarda et l’Adige ; que, sur les hauteurs de Vérone, les feux indiquaient qu’à la fin du jour les troupes ennemies s’y étaient augmentées ; que du côté de Montebello, Vicence, Bassano, Legnano, il n’y avait ni mouvements ni ennemis ; mais que du côté de Brescia, trois divisions ennemies avaient débouché par la vallée de la Chiesa. Une couvrait les hauteurs de Saint-Osetto, semblant se diriger sur Brescia ; l’autre avait pris position à Gavardo, et paraissait se porter sur Ponte-Saint-Marco et Lonato ; la troisième avait pris sur Salo, où l’on se battait déjà.

Un peu plus tard, il fut instruit que la division ennemie de Saint-Osetto avait déjà envoyé son avant-garde à Brescia, où elle n’avait trouvé aucune résistance, puisqu’on n’y avait laissé que trois cents convalescents pour la garde des hôpitaux. Ainsi la communication de l’armée avec Milan, par Brescia, se trouvant interceptée, on ne pouvait plus correspondre avec cette ville que par Crémone.

Des coureurs ennemis se faisaient déjà voir sur toutes les routes qui de Brescia vont sur Milan, Crémone et Mantoue, annonçant partout qu’une armée de quatre-vingt mille hommes avait débouché par Brescia, en même temps qu’une autre de cent mille débouchait par Vérone.

Il apprit aussi que la division ennemie, dirigée sur Salo, en était venue aux mains avec Soret, et que celui-ci, ayant eu connaissance des deux autres divisions qui se portaient sur Brescia et sur Lonato, avait craint de se trouver coupé et de Brescia et de l’armée, et avait jugé à propos de se replier sur les hauteurs de Dezenzano, afin de conserver ses communications ; qu’il avait laissé le général Guieux à Salo avec quinze cents hommes dans un antique château, espèce de forteresse à l’abri d’un coup de main ; que la division ennemie de Gavardo avait envoyé quelques coureurs sur Ponte-Saint-Marco, mais qu’ils y avaient été contenus par une compagnie de chasseurs qui s’y trouvait.

V. Grande et prompte résolution que prend le général français. Combat de Salo. Combat de Lonato, 31 juillet. — Dès ce moment, le plan d’attaque de Wurmser se trouvait dévoilé. Seule contre toutes ces forces, l’armée française ne pouvait rien : on n’était pas un contre trois. Mais seul contre chacun des corps ennemis, il y avait égalité.