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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/514

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huit minutes pour poser les armes. Il se trouve au milieu de l’armée française ; passé ce temps, il n’aurait rien à espérer. »

Harassés depuis trois jours, errants, incertains, ne sachant plus que devenir, persuadés qu’ils avaient été trompés par les paysans, ces quatre ou cinq mille hommes posèrent les armes. Ce seul trait peut donner une idée du désordre et de la confusion de ces divisions autrichiennes, qui, battues à Salo, à Lonato, à Gavardo, poursuivies dans toutes les directions, étaient désormais à peu près fondues. Tout le reste du 4 et la nuit entière se passèrent à rallier la totalité des colonnes et à les concentrer sur Castiglione.

VIII. Bataille de Castiglione, 5 août. — Le 5, avant le jour, l’armée française toute réunie, forte de vingt-cinq mille hommes, y compris la division Serrurier, occupa les hauteurs de Castiglione, excellente position. Le général Serrurier, avec la division du siège de Mantoue, avait reçu l’ordre de marcher toute la nuit, et de tomber au jour sur les derrières de la gauche de Wurmser, son attaque devait être le signal de la bataille. On attendait un grand succès moral de cette attaque inopinée ; et, pour la rendre plus sensible, l’armée française feignit de reculer.

Aussitôt qu’on entendit les premiers coups du corps de Serrurier, qui, étant malade, avait été remplacé par le général Fiorella, on marcha vivement à l’ennemi, et l’on tomba sur des gens déjà ébranlés dans leur confiance, et n’ayant plus leur première ardeur. Un mamelon, au milieu de la plaine, formait un fort appui pour la gauche ennemie. L’adjudant général Verdier fut chargé de l’attaquer ; l’aide de camp du général en chef, Marmont, s’y dirigea avec vingt pièces d’artillerie : le poste fut enlevé. Masséna attaqua la droite, Augereau le centre, Fiorella prit la gauche à revers ; partout on fut victorieux, l’ennemi fut mis dans une déroute complète ; l’excessive fatigue des troupes françaises put seule sauver les débris de Wurmser : ils fuirent en désordre au-delà du Mincio, où Wurmser espérait se maintenir : il y eût trouvé l’avantage de rester en communication avec Mantoue. Mais la division Augereau se dirigea sur Borghetto, celle de Masséna sur Peschiera.

Le général Guillaume, commandant de cette dernière place, qui y avait été laissé avec quatre cents hommes seulement, en avait muré les portes pour s’y mieux défendre. Il eût fallu quarante-huit heures pour les désencombrer. Les soldats durent sauter par-dessus les remparts pour aller à l’ennemi. Les troupes autrichiennes qui bloquaient Peschiera étaient fraîches. Elles soutinrent longtemps le combat contre la 18e de ligne,