Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/530

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Cette journée fut celle du dévouement militaire. Le général Lannes était accouru de Milan ; il avait été blessé à Governolo ; il était encore souffrant dans ce moment : il se plaça entre l’ennemi et Napoléon, le couvrit de son corps et reçut trois blessures, ne voulant jamais le quitter. Muiron, aide de camp du général en chef, fut tué couvrant de son corps son général… Mort héroïque et touchante !… Belliard, Vignoles furent blessés en ramenant les troupes en avant. Le brave général Robert y fut tué.

On fit jeter un pont à l’embouchure de l’Alpon, afin de prendre Arcole à revers ; mais pendant ce temps Alvinzi, instruit du véritable état des choses, et concevant les plus vives alarmes sur le danger de sa position, avait abandonné Caldiero, défait ses batteries, et fait repasser l’Alpon à tous ses parcs, ses bagages et ses réserves. Les Français, du haut du clocher de Ronco, virent avec douleur cette proie leur échapper ; et c’est alors, et dans les mouvements précipités de l’ennemi, qu’on put juger toute l’étendue et les conséquences du plan du général français. Chacun vit quels auraient pu être les résultats d’une combinaison si profonde et si hardie : l’armée ennemie échappait à sa destruction. Ce