Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/531

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ne fut que vers les quatre heures que le général Guieux put marcher sur Arcole par la rive gauche de l’Alpon. Le village fut enlevé sans coup férir ; mais alors il n’y avait plus rien d’utile ; il était six heures trop tard ; l’ennemi s’était mis en position naturelle. Arcole n’était plus qu’un poste intermédiaire entre le front des deux armées. Le matin, ce village était sur les derrières de l’ennemi.

Toutefois de grands résultats avaient couronné cette journée : Caldiero était évacué, et Vérone ne courait plus de dangers. Deux divisions d’Alvinzi avaient été défaites avec des pertes considérables. De nombreuses colonnes de prisonniers et grand nombre de trophées qui défilèrent au travers du camp, remplirent d’enthousiasme les soldats et les officiers, et chacun reprit la confiance et le sentiment de la victoire.

VIII. Seconde journée, 16 novembre. — Cependant Davidowich, avec son corps du Tyrol, avait attaqué, dès la veille, les hauteurs de Rivoli. Il en avait chassé Vaubois, et l’avait contraint de se retirer sur Castel-Novo. Déjà les coureurs ennemis paraissent aux portes de Vérone. Kilmaine, débarrassé d’Alvinzi et de toutes craintes sur la rive gauche, par l’évacuation de Caldiero, avait dirigé toute son attention sur la rive droite ; mais il était à craindre que si l’ennemi marchait vigoureusement sur Castel-Novo, il ne forçât Vaubois, n’arrivât à Mantoue, ne surprît l’armée assiégeante, ne se joignît à la garnison, ne coupât la retraite au quartier-général et à l’armée qui était à Ronco. Il fallait donc être, à la pointe du jour, en mesure de soutenir Vaubois, protéger Mantoue et ses communications, et battre Davidowich, s’il s’était avancé dans la journée. Il était nécessaire, pour la réussite de ce projet, de calculer les heures. Il se résolut donc, dans l’incertitude de ce qui se serait passé dans la journée, de supposer que tout avait été mal du côté de Vaubois. Il fit évacuer Arcole, qui avait coûté tant de sang ; replia toute son armée sur la rive droite de l’Adige, ne laissant sur la rive gauche qu’une brigade et quelques pièces de canon. Il ordonna, dans cette position, qu’on fît la soupe, en attendant ce qui se serait passé du côté de Vaubois pendant cette journée. Si l’ennemi avait marché sur Castel-Novo, il fallait lever le pont de l’Adige, disparaître de devant Alvinzi, se trouver à dix heures derrière Vaubois à Castel-Novo, et culbuter l’ennemi sur Rivoli. On avait laissé à Arcole des bivouacs allumés, ainsi que des piquets de grand-garde pour qu’Alvinzi ne s’aperçût de rien. À quatre heures après minuit, l’on battit pour prendre les armes, afin d’être prêt à marcher. Mais dans le moment on apprit que Vaubois était encore en position à moitié chemin de Rivoli à Castel-Novo, et qu’il garantissait de tenir