Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/54

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était enfermé depuis longtemps avec le grand maréchal ; nous étions dans la pièce qui précédait ; la porte s’ouvre ; le duc de Rovigo, fondant en larmes, sanglotant, se précipite aux pieds de l’Empereur ; il lui baisait les mains. L’Empereur, calme, impassible, l’embrassa, et se mit en route pour gagner le canot. Chemin faisant, il saluait gracieusement de la tête ceux qui étaient sur son passage. Tous ceux des nôtres que nous laissions en arrière étaient en pleurs ; je ne pus m’empêcher de dire à lord Keith, avec qui je causais en ce moment : « Vous observerez, Milord, qu’ici ceux qui pleurent sont ceux qui restent. »

Nous gagnâmes le Northumberland ; il était une ou deux heures. L’empereur resta sur le pont, et causa volontiers et familièrement avec les Anglais qui s’en approchèrent.

Au moment d’appareiller, un cutter, qui rôdait autour du vaisseau pour en éloigner les curieux, coula, très près de nous, un bateau rempli de spectateurs. La fatalité les avait amenés de fort loin pour être