Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/549

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Le 15, Joubert poussa toute la journée Alvinzi devant lui, et arriva si rapidement sur l’escalier, que six à sept mille hommes furent coupés. Murat, avec une colonne, se porta sur la Corona et entra dans le Tyrol. La division Masséna se rendit à Bassano. Une division d’Alvinzi commençait à se rallier sur la Brenta ; on la défit, et on la jeta au-delà de la Piave. Le général Augereau marcha à Castel-Franco, et de là à Trévise. Il eut aussi à soutenir quelques légères affaires d’avant-garde. Toutes les troupes autrichiennes repassèrent la Piave. Les neiges remplissaient toutes les gorges du Tyrol ; ce fut le plus grand obstacle que Joubert eut à surmonter ; l’infanterie française triompha de tout. Joubert entra dans Trente. Le général Victor fut envoyé sur le Laviso, et par les gorges de la Brenta il se mit en communication avec Masséna, dont le quartier-général était à Bassano.

On ramassa beaucoup de prisonniers dans divers petits combats ; on trouva partout des malades autrichiens et beaucoup de magasins. L’armée se trouva dans la même position qu’après les batailles de Roveredo, de Bassano et avant celle d’Arcole, et Bessières fut envoyé porter de nouveaux trophées à Paris. Les combats de Saint-Michel, de Rivoli, d’Anghiari et de la Favorite firent perdre à Alvinzi plus des deux tiers de son armée. De ses quatre-vingt mille hommes il n’en ramena que vingt-cinq mille en Autriche.

X. Reddition de Mantoue. — Désormais nous n’avions plus d’inquiétude sur Mantoue. Depuis longtemps la garnison avait été mise à la demi-ration ; tous les chevaux étaient mangés. On fit connaître à Wurmser les résultats de la bataille de Rivoli ; il n’avait plus rien à espérer. On le somma de se rendre ; il répondit fièrement qu’il avait des vivres pour un an. Cependant, à quelques jours de là, Klenau, son premier aide de camp, se rendit au quartier-général de Serrurier : il protesta que la garnison avait encore pour trois mois de vivres ; mais que le maréchal, ne croyant pas que l’Autriche pût dégager la place à temps, sa conduite serait réglée par les conditions qu’on lui ferait. Serrurier répondit qu’il allait prendre les ordres du général en chef à ce sujet.

Napoléon se rendit à Roverbello ; Serrurier fit appeler Klenau. Le général français resta inconnu, enveloppé dans sa capote. La conversation s’engagea entre Serrurier et Klenau ; Klenau employait tous les moyens d’usage, et diversait longuement sur les grands moyens qui restaient à Wurmser, et la grande quantité de vivres qu’il avait dans ses magasins de réserve. Le général français s’approcha de la table et écrivit près d’une demi-heure ses décisions en marge des proposi-