Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/550

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tions de Wurmser pendant que la discussion durait toujours avec Serrurier. Quand il eut fini : « Si Wurmser, dit-il à Klenau, avait seulement pour dix-huit à vingt jours de vivres et qu’il parlât de se rendre, il ne mériterait aucune capitulation honorable. Voici les conditions que je lui accorde, ajouta-t-il en rendant le papier à Serrurier ; vous y lirez surtout qu’il sera libre de sa personne, parce que j’honore son grand âge et ses mérites, et que je ne veux pas qu’il devienne la victime des intrigants qui voudraient le perdre à Vienne. S’il ouvre ses portes demain, il aura les conditions que je viens d’écrire ; s’il tarde quinze jours, un mois, deux, il aura encore les mêmes conditions. Il peut donc désormais attendre jusqu’au dernier morceau de pain. Je pars à l’instant pour passer le Pô ; je marche sur Rome. Vous connaissez mes intentions ; allez les dire à votre général. »

Klenau, qui n’avait rien conçu aux premières paroles, ne tarda pas à juger à qui il avait affaire. Il prit connaissance des décisions, dont la nature le pénétra de reconnaissance et d’admiration pour un procédé aussi généreux et aussi peu attendu. Il ne fut plus question de dissimuler, et il convint qu’il n’avait plus de vivres que pour trois jours. Wurmser fit solliciter le général français, puisqu’il devait traverser le Pô, de venir le passer à Mantoue, ce qui lui éviterait beaucoup de détours et de difficultés. Mais déjà tous les arrangements de voyage étaient disposés. Wurmser lui écrivit pour lui exprimer toute sa recon-