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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/626

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quelques minutes, il m’a dit : « C’est de la pauvre Madame ; elle se porte bien, et veut venir me joindre !… » et il s’est remis à lire. Ces nouvelles, les premières qui fussent parvenues à l’Empereur sur sa famille, étaient de la main du cardinal Fesch, et l’Empereur se montrait visiblement blessé de les avoir reçues ouvertes.


Moreau – Georges – Pichegru – Opinion du camp de Boulogne, de Paris – Maubreuil.


Jeudi 30.

L’Empereur est sorti sur les deux heures. Nous nous trouvions tous autour de lui ; il est revenu sur les journaux des Débats, sur les statues que les papiers annonçaient devoir être élevées à Moreau et à Pichegru. « À Moreau, disait-il, dont la conspiration de 1803 est aujourd’hui si bien prouvée, à Moreau, qui en 1813 est mort sous la bannière russe ! à Pichegru, coupable d’un des plus grands crimes que l’on connaisse ; un général qui s’est fait battre exprès, qui a fait tuer ses soldats de connivence avec l’ennemi ! Et après tout, continuait-il, comme l’histoire n’est guère que ce que répètent les hommes, à force de répéter que ce sont de grands hommes qui ont bien mérité de leur pays, ils finiront par passer pour tels, et leurs adversaires ne seront plus que des misérables. »