Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/649

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Laybach est la capitale de la Carniole : on y organisa un gouvernement provisoire sur les mêmes principes qu’à Goritz et Trieste. Cette ville fut mise en état de défense : elle avait une enceinte bastionnée d’un très vieux tracé. On abattit les maisons qui se trouvaient sur les remparts.

Dans ces pays situés près des Alpes, la saison était encore froide. Les habitants, qui avaient d’abord été effrayés, n’eurent qu’à se louer de l’armée française, laquelle à son tour n’eut pas à se plaindre de ces peuples.

Les dispositions des habitants du cercle de Villach parurent favorables aux Français ; ils fournirent avec un grand empressement tout ce qui était nécessaire à l’armée. Nous étions en Allemagne, les mœurs y étaient différentes, nos soldats eurent beaucoup à se louer de l’esprit d’hospitalité qui caractérise le paysan allemand. La grande quantité de chevaux et de voitures, qu’ils se procuraient plus facilement qu’en Italie, leur fut d’une grande utilité.

On mit en état la ville de Clagenfurt, capitale de la Carinthie : on y organisa aussi un gouvernement provisoire. Cette ville a une enceinte bastionnée, mais négligée depuis des siècles et ne servant guère qu’à la police de la ville ; les remparts étaient couverts de maisons, on les abattit, et on en fit un point d’appui pour l’armée.

Le général Dugua, à Trieste, confisqua tous les magasins appartenant aux Anglais ou aux Autrichiens ; on en trouva de considérables et de toute espèce. On prit également possession des mines d’Idria : on y trouva pour plusieurs millions de vif-argent, qu’on évacua immédiatement sur Palma-Nova.

En entrant en Carinthie, on avait publié la proclamation suivante :

« L’armée française ne vient point dans votre pays pour le conquérir ni pour porter aucun changement à votre religion, à vos mœurs, à vos coutumes. Elle est l’amie de toutes les nations, et particulièrement des braves peuples de la Germanie.

« Le Directoire exécutif de la république française n’a rien épargné pour terminer les calamités qui désolent le continent : il s’était décidé à faire le premier pas et à envoyer le général Clarke à Vienne, comme plénipotentiaire, pour entamer des négociations de paix. Mais la cour de Vienne a refusé de l’entendre ; elle a même déclaré à Vicence, par l’organe de M. de Vincent, qu’elle ne reconnaissait pas la république française. Le général Clarke a demandé un passeport pour aller lui-même parler à l’empereur ; mais les ministres de la cour de Vienne