Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/652

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avait laissé un corps d’observation sur le Lavisio, pour couvrir Vérone en Italie. Ce corps devait au besoin se replier sur le Montebaldo.

Bernadotte, de son côté, après avoir organisé la Carniole, avait rejoint l’armée, en laissant sous les ordres du général Friant un corps d’observation pour couvrir Laybach : on était menacé du côté de la Croatie. L’Autriche avait fait une levée très considérable dans cette population d’une organisation spéciale toute militaire. Friant avait eu des affaires très brillantes ; mais, ne croyant pas garder Fiume, il se contenta de prendre une position propre à couvrir Laybach et Trieste. Du reste, il avait eu pour instruction de regagner, en cas de besoin, Palma-Nova, qui avait été bien armée, et d’y grossir le corps d’observation qu’on y avait laissé pour couvrir l’Italie. De Clagenfurt, l’armée française continua sa marche pour gagner la Mur.

Le prince Charles espérait tenir dans les gorges de Newmark : il lui était très important de couvrir ses communications avec Salzbourg, l’Inn et le Tyrol, d’où il attendait des renforts très considérables. Pour en être plus certain, il demanda une suspension d’armes au général français, qui, comprenant son but, la lui refusa. Il fut donc attaqué à Newmark et forcé sans coup férir : il perdit du canon et des prisonniers. Une division de grenadiers venue du Rhin couvrait sa retraite ; il fut attaqué encore et battu de nouveau à Hundsmarck. Enfin le quartier-général atteignit Judemburg, et nos avant-postes parvinrent jusqu’au Simmering. Dès lors toute combinaison du prince Charles à l’égard de ses renforts se trouva déjouée. Nous lui coupions désormais les deux routes du Tyrol et de Salzbourg. Les troupes qui avaient été opposées à Joubert et dans le Tyrol, et que ce prince avait appelées à lui, celles bien plus considérables encore qui lui arrivaient du Rhin par Salzbourg, et qui se trouvaient déjà les unes et les autres engagées dans ces routes transversales, furent obligées de rétrograder, ne pouvant plus désormais se rallier au prince Charles que par derrière le Simmering.

Le désordre et la terreur régnaient dans Vienne, rien n’arrêtait cette redoutable armée française. Tant de positions réputées inexpugnables, tant de gorges que l’on croyait impossible de forcer, se trouvaient toutes franchies, et le pavillon tricolore flottait sur le sommet du Simmering, à trois journées de Vienne. Une partie de la famille impériale avait quitté cette capitale ; Marie-Louise, mariée depuis à Napoléon et impératrice des Français, alors âgée de cinq ans, fut mise en route avec ses sœurs ; les archives et les objets les plus précieux se transportaient en Hongrie ; toutes les premières familles, imitant celle du souverain,