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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/67

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archidiacre d’Ajaccio, l’une des premières dignités de l’île. Ses soins et ses économies avaient rétabli les affaires de la famille, que les dépenses et le luxe de Charles avaient fort dérangées. Le vieil archidiacre jouissait d’une grande vénération et d’une véritable autorité morale dans le canton. Il n’était point de querelle que les paysans et les bergers ne vinssent soumettre à sa décision ; et il les renvoyait avec ses jugements et ses bénédictions.

Charles Bonaparte avait épousé mademoiselle Lætitia Ramolino, dont la mère, devenue veuve, s’était mariée à M. Fesch, capitaine dans un des régiments suisses que Gênes entretenait d’habitude dans l’île. De ce second mariage vint le cardinal Fesch, qui se trouvait ainsi demi-frère de Madame et oncle de l’Empereur.

Madame était une des plus belles femmes de son temps ; sa beauté était connue dans l’île. Paoli, au temps de sa puissance, ayant reçu une ambassade d’Alger ou de Tunis, voulut donner aux barbaresques une idée des attraits de ses compatriotes ; il rassembla toutes les beautés de l’île : Madame y tenait le premier rang. Plus tard, dans un voyage pour voir son fils à Brienne, elle fut remarquée, même dans Paris.

Madame, lors de la guerre de la liberté en Corse, partagea souvent les périls de son mari, qui s’y montra fort chaud. Elle le suivit parfois à che-