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de reconnaissance, est-il écrit de sa main, pour les soins que ce brave général prit de nous, lorsque nous étions comme lieutenant et capitaine sous ses ordres. »

Nous avons reçu le troisième et dernier envoi des livres apportés par la frégate. L’Empereur s’est beaucoup fatigué en travaillant lui-même au déballage.

Sur les trois heures, l’Empereur a reçu plusieurs présentations, entre autres l’amiral et sa femme. Il s’est trouvé souffrant, et a dîné dans son intérieur avec le grand maréchal.


Mes instructions et mes dernières volontés sur l’impression des campagnes d’Italie – Idées de l’Empereur sur le général Drouot – Sur la bataille d’Hohenlinden.


Mercredi 26.

L’Empereur m’a fait venir avec mon fils, et nous a assigné notre travail dans les Moniteurs pour l’accomplissement et la vérification des chapitres de notre campagne d’Italie.

L’Empereur, bien qu’il en eût dit précédemment, n’avait pourtant pas repris son travail, et je me réjouis fort d’une circonstance qui semblait devoir provoquer enfin une ferveur nouvelle.

Il s’agissait de recueillir dans le Moniteur tous les rapports, les lettres officielles, de manière à en composer les pièces justificatives. L’Empereur voulait qu’elles fussent classées, et que nous en évaluassions l’étendue, afin qu’il pût calculer d’un trait de plume celle de l’impression, ajoutant de nouveau que tous ces soins étaient désormais les miens ; que je ne travaillais plus là que pour moi. Douces paroles, auxquelles le son de sa voix, l’air de familiarité, toute son expression, donnaient bien plus de prix encore que leur signification !

L’Empereur m’a dit si souvent que cette relation des campagnes d’Italie porterait mon nom, qu’il me la donnait, qu’elle serait mienne, que je puis bien m’abandonner peut-être au rêve de leur impression future, et tracer ici déjà mes idées à cet égard, afin que mon fils, les recueillant, puisse les suivre, si cet instant arrivait trop tard pour moi.

L’Empereur me donne là un monument précieux, magnifique, national ; ne le compromettons, ne le dégradons pas. Aussi, point de spéculations à son sujet, nul bénéfice détrimental surtout. Et ce n’est pas assez, encore ; je veux en outre l’entourer de soins et de détails de sentiments qui lui soient tout particuliers.

Ainsi, 1° garder la propriété de l’ouvrage : il formera au plus quatre volumes ;