Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/769

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point de création, il n’était pas assez décidé ; aussi valait-il mieux sur la défensive. Hohenlinden avait été une échauffourée ; l’ennemi avait été frappé au milieu même de ses opérations, et vaincu par des troupes qu’il avait lui-même déjà coupées et qu’il devait détruire. Le mérite en était surtout aux soldats et aux généraux des corps partiels qui s’étaient trouvés le plus en péril et avaient combattu en héros. »

Nous disions à l’Empereur, au sujet de sa campagne d’Italie, des victoires rapides et journalières dont elle avait occupé la renommée, qu’il avait dû avoir bien des jouissances. « Aucune, répliquait-il. – Mais au moins Votre Majesté en a bien procuré au loin ? – Cela se peut ; au loin on ne lisait que le succès, on ignorait la position. Si j’avais eu des jouissances, je me serais reposé ; mais j’avais toujours le péril devant moi ; et la victoire du jour était aussitôt oubliée, pour s’occuper de l’obligation d’en remporter une nouvelle le lendemain, etc. »

Hohenlinden, Moreau me rappellent une opinion bien caractéristique d’un général très distingué (Lamarque). Il avait été attaché à Moreau, s’était trouvé longtemps sous ses ordres, et, cherchant à me faire comprendre la différence du faire de ce général avec celui de Napoléon, il disait : « Si leurs deux armées eussent été en présence et prêtes à combattre, je me serais mis dans les rangs de Moreau, tant il y aurait eu de régularité, de précision, de calcul : il était impossible de lui être supérieur à cet égard, peut-être même de l’égaler. Mais si les deux armées étaient venues au-devant l’une de l’autre, à la distance de cent lieues, l’Empereur, eût escamoté trois, quatre, cinq fois son adversaire avant que celui-ci eût eu le temps de se reconnaître. »


Les rats, vrai fléau pour nous, etc. – Impostures de lord Castlereagh – Héritières françaises.


Jeudi 27.

Nous avons failli n’avoir point de déjeuner : une irruption de rats qui avaient débouché de plusieurs points dans la cuisine durant la nuit, avait tout enlevé. Nous en sommes littéralement infestés ; ils sont énormes, méchants et très hardis ; il ne leur fallait que fort peu de temps pour percer nos murs et nos planchers. La seule durée de nos repas leur suffisait pour pénétrer dans le salon, où les attirait le voisinage des mets. Il nous est arrivé plus d’une fois d’avoir à leur donner bataille