Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/85

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c’est une des époques de sa vie où il a éprouvé, dit-il, le plus de satisfaction ; c’était son premier succès. La relation de la campagne d’Italie peindra suffisamment les trois généraux en chef qui se sont succédé durant le siège : l’inconcevable ignorance de Cartaux, la sombre brutalité de Doppet, et la bravoure bonhomière de Dugommier ; je n’en dirai rien ici.

Dans ces premiers moments de la révolution, ce n’était que désordre dans le matériel, ignorance dans le personnel, tant à cause de l’irrégularité des temps que de la rapidité et de la confusion qui avaient présidé aux avancements. Voici qui peut donner une idée des choses et des mœurs de cette époque.

Napoléon arrive au quartier-général ; il aborde le général Cartaux, homme superbe, doré, dit-il, depuis les pieds jusqu’à la tête, qui lui demande ce qu’il y a pour son service. Le jeune officier présente modestement sa lettre qui le chargeait de venir, sous ses ordres, diriger les opérations de l’artillerie. « C’était bien inutile, dit le bel homme, en caressant sa moustache ; nous n’avons plus besoin de rien pour reprendre Toulon. Cependant, soyez le bienvenu, vous partagerez la gloire de le