Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/100

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Dans cette campagne tout est classique chez Napoléon pour quiconque peut en suivre et en juger les détails. On l’a vu jusque-là préparer et suivre rapidement la victoire ; le voici à présent dans une circonstance imprévue, terrible. Qu’on le considère remédiant, en un clin d’œil, à de grands désastres, et déterminant à l’instant même les dispositions qui doivent lui assurer de nouveau la victoire ! Réduit à une défensive momentanée, il va créer dans l’île de Lobau, aux portes de Vienne même, une véritable forteresse française, qui maîtrisera le fleuve et le terrain. Trahi par les vagues du Danube, il va l’enchaîner ; et le tout se fera en vue d’un ennemi qui se proclame triomphant, et ne songe point à troubler des prodiges qu’il ne sait pas deviner ; et peut-être est-il en quelque sorte excusable, car l’auteur s’écrie à ce sujet : « Heureux ceux qui ont pu deviner ces miracles du génie !!!… Ce ne furent pas toujours ceux qui l’approchaient le plus. »

Les premiers ordres, dit-il, sont donnés à l’instant même du désastre et les préparatifs sont si rapides, que, deux ou trois jours après la bataille, on voit déjà plusieurs sonnettes battre des pilotis au travers des deux grands bras du Danube ; mais les bulletins, pour tromper l’ennemi, annoncèrent qu’il s’agissait d’une sorte d’estacade pour couvrir les ponts et arrêter les brûlots. Le même jour, Napoléon détermine sur les lieux et trace de sa cravache sur le sable, le plan des ouvrages