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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/101

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qui doivent former la tête des grands ponts et le réduit de Lobau.

À compter de cet instant, chacun travaille sans relâche ; le chef se multiplie et les soldats sont infatigables. Leur constance, leur ardeur sont sans égales. Napoléon, dans ses projets et pour mieux se dérober à l’ennemi, a besoin de s’établir dans une petite île en face d’Essling, touchant presque à la rive autrichienne. Les généraux du génie et de l’artillerie en déclarent l’attaque à peu près impossible. Mais Napoléon ordonne ; et, en plein midi, un aide de camp de Masséna (Pelet) traverse le Danube avec cinq cents voltigeurs, sous le feu de toute l’artillerie autrichienne, atteint l’île, en chasse l’ennemi, s’y maintient contre toutes ses attaques, et en deux heures un pont de bateaux est construit en dépit de toutes les batteries qui enfilaient le Danube et jetèrent plus de deux cents boulets dans les œuvres du pont. Sous un chef tel que Napoléon, tout avait cessé d’être impossible ; personne ne s’occupait plus de sa propre conservation : la vie, c’était la gloire ! Il est vrai que le général ne s’épargnait guère. Napoléon faisait souvent lui-même la tournée des postes de l’ennemi, et en approcha, dans l’île du Moulin, jusqu’à vingt-cinq toises. Un officier autrichien, le reconnaissant un jour sur