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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/108

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Cependant l’archiduc se retirait en toute hâte sur la Bohême, et sa retraite, quoique faite avec une grande habileté, allait développer les conséquences de la bataille, bien plus désastreuses encore que la perte de la bataille elle-même. Chaque jour, chaque instant voyait entamer l’armée ennemie : elle était menacée de périr en détail. La cour de Vienne sentit toute l’imminence du danger, et se hâta de le prévenir. Le 10, vers le soir, Masséna, poursuivant ses avantages et maître des faubourgs de Znaïm, allait enlever la ville quand un cri universel se fit entendre tout le long de la ligne, celui de : Cessez le feu ! cessez le feu ! Une députation autrichienne avait atteint Napoléon, pour traiter de la paix et solliciter un armistice. Ce dernier point devint un grand sujet de dissertation dans toute l’armée et sous la tente même de l’Empereur. La situation vraiment critique des forces autrichiennes était visible à tous les yeux, et grand nombre pensaient que c’était un devoir que de recueillir inflexiblement le prix de tant d’efforts, que le temps était venu d’en finir une fois pour toutes avec une cour sans bonne foi, dont les protestations et les serments n’avaient jamais pour but que de gagner du temps et de machiner de nouvelles attaques. Napoléon ne pensa pas ainsi, et, prenant une plume, signa l’armistice, disant : « Il y a eu assez de sang de versé. »

Cet armistice nous livra les deux rives du Danube jusqu’à Raab, et