tout avec ses guerres, ses impositions, ses malheurs : il s’est épuisé pour ne créer après tout qu’une ville bâtarde. » L’Empereur a alors analysé les avantages d’une ville administrative, c’est-à-dire faite pour la réunion des administrations, et ils lui semblaient vraiment problématiques.
Je regrette bien ici de n’avoir pas consigné dans le temps la suite de ces raisons ; elles étaient si multipliées, si ingénieuses !
L’Empereur ne se dissimulait pas que la demeure de la capitale n’était parfois pas tenable pour les souverains ; mais, d’un autre côté, Versailles ne l’était pas pour les grands, les ministres ni les courtisans. C’était donc une faute de Louis XIV, s’il n’avait entrepris Versailles que pour le séjour des rois, lorsque Saint-Germain était tout trouvé sous sa main : la nature semblait l’avoir fait exprès pour la véritable demeure des rois de France. Lui-même, Napoléon, avait fait des fautes à cet égard ; car il ne fallait pas, disait-il, se louer dans tout ce qu’on avait fait. Il aurait dû retrancher Compiègne, par exemple, et il regrettait d’y avoir fait son mariage : il eût voulu l’avoir fait à Fontainebleau. « Et voilà, disait-il encore en s’arrêtant sur Fontainebleau, la vraie demeure des rois, la maison des siècles ; peut-être n’était-ce pas rigoureusement un palais d’architecte, mais bien assurément un lieu d’habitation bien calculé et parfaitement convenable. C’était ce qu’il y avait sans doute de plus commode, de plus heureusement situé en Europe pour le souverain, etc. »
Il passait alors en revue les capitales qu’il avait visitées, les maisons des rois, qu’il avait parcourues, et nous donnait de beaucoup la supériorité. Fontainebleau, ajoutait-il encore, était aussi en même temps la situation politique et militaire la plus convenable. L’Empereur se reprochait des dépenses qu’il avait faites à Versailles ; mais fallait-il bien encore, disait-il, l’empêcher de tomber en ruines. Il avait été question, dans la révolution, de détruire en grande partie ce palais, d’en enlever le milieu, et de séparer par là les deux côtés. « On m’eût rendu un grand service disait-il ; car rien n’est dispendieux ni véritablement inutile comme cette multitude de palais ; et si pourtant on m’a vu entreprendre celui du roi de Rome, c’est que j’avais des vues à moi ; et puis encore c’est qu’au vrai je n’ai jamais songé qu’à préparer le terrain : je m’en fusse tenu là[1].
- ↑ Tout le monde sait ou devrait avoir su (si par une fatalité toute particulière à Napoléon, la plupart de ses actes les plus recommandables n’eussent été, dans le temps, étouffés sous le poids de la