lui, par un caractère irritable et très susceptible, une partie de la noblesse russe. La haine de la révolution française avait été le caractère distinctif de son règne. Il considérait comme une des causes de cette révolution la familiarité du souverain et des princes français, et la suppression de l’étiquette de la cour. Il établit donc à la sienne une étiquette très sévère, et exigea des marques de respect peu conformes à nos mœurs et qui révoltaient généralement. Être habillé d’un frac, avoir un chapeau rond, ne point descendre de voiture quand le czar ou un des princes de sa maison passait dans les rues ou promenades, enfin la moindre violation des moindres détails de son étiquette excitait toute son animadversion, et par cela seul on était jacobin. Depuis qu’il s’était rapproché du Premier Consul, il était revenu sur une partie de ses idées, et il est probable que s’il eût vécu encore quelques années, il eût reconquis l’opinion et l’amour de sa cour qu’il s’était aliénés. Les Anglais, mécontents et même extrêmement irrités du changement qui s’était opéré en lui depuis un an, n’oublièrent rien pour encourager ses ennemis intérieurs. Ils parvinrent à accréditer l’opinion qu’il était fou, et enfin nouèrent une conspiration pour attenter à sa vie. L’opinion générale est que . . . . . . . la veille de sa mort, Paul étant à souper avec sa maîtresse et son favori, reçut une dépêche où on lui détaillait toute la trame de la conspiration ; il la mit dans sa poche, en ajournant la lecture au lendemain. Dans la nuit il périt.
L’exécution de cet attentat n’éprouva aucun obstacle : le comte de P… avait tout crédit au palais ; il passait pour le favori et le ministre de confiance du souverain. Il se présente à deux heures du matin à la porte de l’appartement de l’empereur, accompagné du général B…, de O… et de S… Un cosaque affidé, qui était à la porte de sa chambre, fit des difficultés pour les laisser pénétrer chez lui ; ils le massacrèrent aussitôt. L’empereur s’éveilla au bruit et se jeta sur son épée, mais les conjurés se précipitèrent sur lui, le renversèrent et l’étranglèrent. Le général B… fut celui qui lui donna le dernier coup ; il marcha sur son cadavre. L’impératrice, femme de Paul, quoiqu’elle eût beaucoup à se plaindre des galanteries de son mari, témoigna une vraie et sincère affliction, et tous ceux qui avaient pris part à cet assassinat furent constamment dans sa disgrâce . . . . . . . .
Bien des années après, le général B… commandait encore… Quoi qu’il en soit, ce terrible évènement glaça d’horreur toute l’Europe, qui fut surtout scandalisée de l’affreuse franchise avec laquelle