Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/583

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étroites, que je ne puis courir pendant plus d’une heure ; et, pour me faire quelque bien, il faudrait que je pusse galloper pendant trois ou quatre heures. Ce sbirro siciliano est venu ; je serais resté une heure de plus dans la tente, si j’eusse appris son arrivée. Mi repugna l’anima il vederlo. Il tremble comme un coupable, comme s’il avait un remords. »

15 août. — Il a déjeuné sous sa tente avec les dames et toute sa suite, le Polonais Piontowski et les enfants. Ce repas était simple. Dans la soirée, les domestiques anglais et français ont eu un grand souper, et on a dansé.

16. — Le gouverneur a eu une entrevue avec le général Montholon. Il lui a parlé de la nécessité de diminuer les dépenses de Longwood. Il trouve, par exemple, que la maison de Bonaparte consume plus de sel blanc que la sienne. Les domestiques ne doivent employer que du sel gris.

On a reçu aujourd’hui une des machines pneumatiques de Leslie, destinées à donner de la glace. Quand elle fut mise en place, je prévins Napoléon ; je l’avertis en même temps que l’amiral était à Longwood. Il me fit des questions ; il sait parfaitement les principes qui font mouvoir les pompes à air. Il admire les résultats de la chimie ! Quelle utilité ! Il parla des grands progrès qu’elle avait faits depuis quelques années, et dit qu’il avait constamment encouragé ses recherches. Je le quittai et me rendis dans la chambre où était la machine, pour commencer l’expérience en présence de l’amiral. Au bout de quelques minutes, Napoléon, accompagné du comte Montholon, entra et aborda gaiement l’amiral, qui parut content de le voir. Une tasse d’eau fut glacée en sa présence, à peu près en quinze minutes, et on fit plusieurs tentatives inutiles pour glacer du lait. Napoléon prit le morceau de glace obtenu avec de l’eau. Il dit que cette découverte eût été reçue avec de la joie à l’armée d’Égypte. Ce fut cette machine qui fournit la première glace vue a Sainte-Hélène. Les yamstock, ayant vu cette glace se dissoudre, crurent seulement alors que la masse solide qu’ils tenaient dans leurs mains était bien réellement de l’eau.

Le commandant du poste a consigné la sentinelle qui m’avait laissé entrer à Hut’s-Gate, où j’allais voir Bertrand qui était très-indisposé. Je questionnai le sergent ; il me répondit que sa consigne était de laisser passer seulement l’état-major. Hudson Lowe, qui s’était rendu, la veille, chez Bertrand, pour lui communiquer une lettre de lord Bathurst, annonçant que l’on réduirait à 8.000 livres sterl. par an les dépenses de l’établissement, avait lui-même donné cet ordre. On recevait par-