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que les Français buvaient peu comparativement aux Anglais ; qu’il avait déjà fait à la table de Napoléon ce qu’il n’avait fait chez lui de sa vie ; qu’il avait fait reboucher les restes d’une bouteille pour qu’elle servît encore le lendemain sur la table ; que le soir il ne restait jamais un morceau de viande dans toute la maison. 12.000 livres sterling à Sainte-Hélène ne représentent que 4.000 livres à Londres. L’affaire fut renvoyée au samedi.

Aux conférences nouvelles, Gorrequer dit que sept domestiques seraient renvoyés.

Le gouverneur est venu inspecter la garde de Longwood.

13. — Napoléon se rétablit ; il est mieux. Il s’est entretenu avec M. Balcombe des dépenses de l’établissement.

On a pesé une grande quantité de vaisselle plate pour la briser et la vendre. Le capitaine Poppleton est allé en instruire sir Hudson Lowe. Le comte de Montholon et Cipriani se sont plaints de l’état déplorable de l’étamage des casseroles de cuisine.

Napoléon est incommodé par le vin de l’approvisionnement ordinaire. Cipriani a prié le capitaine Mansell de lui procurer douze ou vingt-quatre bouteilles de celui que boit le capitaine Poppleton.

Les officiers du camp du 53e régiment, pour satisfaire au désir exprimé par Napoléon, de se procurer de meilleur vin, se proposaient de lui en offrir une caisse. Hudson Lowe, l’ayant su, défendit cet envoi. Gorrequer, l’envoyé du gouverneur, me dit que Bonaparte devait se contenter du vin qu’on lui offrait, ou s’en abstenir.

J’ai expliqué ensuite à sir Hudson Lowe lui-même, et à son contentement, l’affaire du vin entre le capitaine Mansell, Cipriani et moi.

Presque toute la vaisselle plate de Napoléon a été brisée ; on a conservé les aigles et les armes impériales. Le général Montholon, voulant vendre son argenterie, a demandé au capitaine Poppleton de le faire accompagner à James-Town par un officier. Sir Hudson Lowe, prévenu, fit dire au comte Montholon que l’argent que produirait cette vente serait déposé, pour l’usage de Bonaparte, entre les mains de M. Balcombe.

Pultney Malcolm, devant partir incessamment pour le cap de Bonne-Espérance, est venu prendre congé de Napoléon. Il en a été très-bien reçu. Ils ont causé longuement sur les siéges de Scheldt, d’Anvers, sur les guerres d’Allemagne, sur les Polonais, etc.

Madame Bertrand m’a fait écrire hier au soir à sir Thomas Reade, pour savoir si elle pouvait, sans inconvénient, demander au gouverneur