Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/632

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quo sa consigne lui prescrivait d’arrêter les personnes suspectes. Lowc se mit à rire. Il se propose quelques changements, mais ees changements ne reculeront pas effectivement les limites.

Peu d’instants après, j’ai vu Napoléon, et lui ai communiqué le message du gouverneur ; il m’a demandé si l’on avait placé des piquets sur les hauteurs, comme on l’avait fait lorsqu’il était allé se promener à cheval dans cette direction. J’ignorais cela, n’y ayant fait aucune attention. Alors Napoléon a pris sa lunette, et l’a tournée du côté de Hut’s-Gate.

J’ai parlé à Napoléon du succès de lord Exmouth devant Alger ; il m’en a félicité, et a loué avec chaleur l’intrépidité de nos marins ; il a fait plusieurs réflexions intéressantes. J’en citerai quelques-unes : « Si les Algériens eussent fait feu quand vous avez opéré votre descente, au lieu de vous permettre de prendre tranquillement position, et de jeter l’ancre, comme si vous passiez une revue, vous n’eussiez pas réussi. Supposons que le dey d’Alger eût refusé, le lendemain de la bataille, de consentir à une seule des conditions de lord Ky mouth, qu’aurait fait votre amiral ? Rien, de toute évidence ; il ne se serait pas avisé d’attaquer une seconde fois avec des bâtiments démantelés, et manquant de poudre. Il eût été obligé de faire retirer sa flotte, la marine anglaise eût reçu là un affront ! car vous-mêmes vous avez appris à ces misérables à se battre.

« Si vous les avez frappés de terreur, si les lois que vous avez faites sont observées, vous aurez rendu un grand service à l’humanité. Je crains à présent que les Algériens ne veuillent pas changer la condition des prisonniers, et ne les soumettent toujours à l’esclavage ; je crains même que les prisonniers ne soient plus maltraités qu’auparavant, attendu que ces barbares n’auront plus d’espérance de rançon, ce qui était la raison qui les engageait à protéger la vie de leurs captifs. Ils les massacreront, les jetteront à la mer, ou les mutileront horriblement ; car ils croient faire une action méritoire en détruisant les infidèles ! »

Napoléon conserve une haute estime pour lord Nelson : il a cherche à atténuer le reproche que l’on adresse à sa mémoire, quanta l’exécution de Tarracioli, qu’il a rejetée sur le compte de cette méchante femme L* R* C*.

J’étais dans la chambre de Napoléon lorsque le général Gourgaud est arrivé, se plaignant d’avoir été arrêté par la sentinelle de Hut’s-Gatc vers les cinq heures du soir, au moment où il parcourait à cheval l’intérieur des limites. Il a été retenu jusqu’à l’arrivée du sergent comman-