Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/631

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et tous ses papiers sont encore dans les mains du gouverneur. Las Cases a laissé, avant de partir, l’autorisation de toucher à Londres, chez divers banquiers, 4.000 livres sterling qu’il y possède : cet argent est offert à Napoléon.

Cipriani a emporté ce matin, de Longwood, 500 livres sterling en argenterie.

1er janvier 1817. — Napoléon a reçu ce matin dans le salon. Je lui ai exprimé mes vœux pour lui. « J’espêre, m’a-t-il dit, que l’année qui commence changera cette affreuse position. » Il était très-gai, malgré la teinte triste des dernières paroles. Le général Montholon arriva ; Napoléon alla à lui, et, lui ayant parlé bas, il sortit et rentra avec une tabatière qu’il remit à l’Empereur, qui, venant à moi, me l’offrit. Je n’ai pas besoin de dire que ce présent, reçu des mains d’un tel homme, m’a touché profondément !

Mesdames Bertrand et Montholon ont reçu également d’inappréciables présents : c’étaient quelques pièces précieuses de la belle porcelaine que lui avait donnée la ville de Paris. Le général Bertrand reçut un superbe échiquier.

Le temps était si mauvais et si couvert, qu’il était impossible de voir le signal de Deadwood.

3. — Napoléon a été malade cette nuit, mais ce malaise a été sans suite.

Ce matin je lui ai demandé, dans une conversation générale, son opinion sur Georges Cadoudal. « Georges avait du courage, mais il n’avait que cela. Je cherchai à le gagner, parce que je désirais calmer tous les partis. Je le fis appeler ; il vint, et je lui parlai longtemps. Son père était meunier. Georges était grossier, ignorant. Cette audience n’eut aucun résultat ; quelques jours après, il partit pour Londres. »

5. — Le gouverneur fait de nouvelles ouvertures au sujet des promenades. Je lui ai dit que, si des mesures plus larges sont arrêtées, il faudra en prévenir le poste de Hut’s-Gate, qui, sans cet avertissement, continuera de faire arrêter les Français qui passeront les limites actuelles à Hut’s-Gate. Le gouverneur répondit que les sentinelles n’avaient point l’ordre de les arrêter ; il eut l’air d’être étonné de l’arrestation des généraux Montholon et Gourgand, se rendant à la maison d’alarme, qui se trouvait dans les limites. « Les factionnaires, me dit-il, n’ont jamais reçu cette consigne. » Je lui répliquai que, deux fois, j’avais été arrêté moi-même à cette place. « Cela est impossible, me répondit-il. — Je puis prouver ce fait. La sentinelle m’avait arrêté, parce