Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/676

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les cinq années que les puissances alliées devaient rester en France ? Pourquoi n’avez-vous pas demandé Hambourg en échange du Hanovre ? vous auriez aujourd’hui un comptoir en Allemagne pour y vendre vos marchandises. »

30. — L’Empereur m’a fait appeler pour lui traduire différents passages du discours de lord Bathurst, rapporté par le Times. Il a été prononcé à la chambre, en réponse à la généreuse motion du lord Holland, en faveur de Napoléon. Bathurst soutient que les plaintes du général Bonaparte ne sont aucunement fondées. « Allons, dit Napoléon, il faut continuer de souffrir ; mais le règne du mensonge finira ! »

Napoléon a répété quelques-uns des reproches qu’il adresse à nos ministres. « L’état de crise qui tourmente l’Angleterre est leur ouvrage. Si les lords Grenville et Welesley avaient été ambassadeurs, je suis convaincu qu’ils auraient consulté autrement les intérêts de l’Angleterre. Que diraient les Anglais qui vivaient il y a cent ans, s’ils sortaient de leurs tombeaux, et si, apprenant tout à coup les grandes victoires de l’Angleterre, ils jetaient les yeux sur leur patrie, et voyaient que dans le nouveau traité, pas un seul article n’a stipulé un bénéfice pour le pays ; qu’au contraire, vous avez renoncé à des possessions et à des droits commerciaux indispensables à votre existence ? £t cela, quand l’Autriche voit sa population augmenter de dix millions d’habitants, la Russie de huit, la Prusse de dix ; quand la Hollande, la Bavière, la Sardaigne et les autres puissances, gardent des agrandissements de territoire ! Pourquoi l’Angleterre n’a-t-elle pas joui d’avantages égaux, elle qui a été la cause essentielle des succès ? Que ne rétablissiez-vous les petits états maritimes indépendants, tels que Hambourg, Stralsund, Dantzick, Gênes, pour servir d’entrepôts à vos manufactures, avec des conditions secrètes pour votre commerce ? Vous avez bêtement donné Gênes au roi de Sardaigne, et réuni la Belgique à la Hollande.

« Considérons la position dans laquelle vous vous trouvez. Vous êtes « presque aussi complétement exclus du continent que lorsque je ré « gnais et que j’ai proclamé le système continental. Je vous le demande, « en supposant que j’eusse été vainqueur, aurais-je pu dicter une paix « plus désavantageuse pour l’Angleterre, dans ses conséquences, que ne « l’a été celle de lord Castlereaghaprès votre victoire ? Rappelez-vous « que je vous ai dit, il y a quelques mois, que je regardais comme mal « habile de laisser les troupes anglaises en France et d’en nommer lord « Wellington général en chef. Vous voyez à présent les conséquences de «