Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/69

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lever… De la Vendée le complot s’étendait dans la Bretagne, le Maine, la Basse-Normandie : Bordeaux n’y était pas étranger… Au moindre revers des armées de Napoléon, et à la moindre crise politique, le feu de l’insurrection laissait échapper ses étincelles. Le parti de l’opposition avait dans la Vendée ses points de correspondance et de ralliement (Bauchamps, t. IV). » Ainsi les espérances de la coalition sur ce pays n’étaient pas sans quelque fondement.

« L’Angleterre avait préparé une autre machination en Espagne. Là, c’était une conspiration toute militaire. Il ne s’agissait rien moins que de soulever l’armée française de Portugal, de la réunir avec l’armée anglaise, d’engager les autres corps français en Espagne à imiter cet exemple, de marcher sur les Pyrénées, où se trouverait une autre armée anglaise plus considérable, avec Moreau qui reviendrait de l’Amérique. On devait s’avancer sur Paris, et mettre Moreau à la tête du gouvernement. Les Anglais avaient répandu dans le pays et parmi les troupes françaises le manifeste et les proclamations de l’Autriche. Des officiers de notre armée de Portugal étaient gagnés ; ils avaient communiqué avec Wellington et Beresford ; un crédit de 600 000 fr. leur était ouvert à Porto. On annonçait l’espoir de se concerter avec les armées d’Allemagne et d’Italie (Le Noble, Montvéran).

« Au printemps de 1809, toutes les chances de la guerre et de la politique étaient donc contre la France ; l’Autriche avait sous les armes trois cent vingt mille hommes et sept cent quatre-vingt-onze pièces de canon ; cette armée avait été divisée comme les armées françaises, en neuf corps actifs et deux réserves. Ces corps avaient en eux tous les moyens d’administration et d’exécution, de manière à pouvoir agir isolément ou combinés. En arrière de ces forces, entièrement disponibles, était une réserve imposante, préparée depuis longtemps, non entièrement organisée, mais qui, pendant la campagne même, fournit d’abondants secours. Elle se composait des landwerth ou défenseurs de la patrie, des dépôts d’infanterie et de cavalerie, enfin de l’insurrection hongroise, et pouvait s’évaluer à deux cent vingt-quatre mille hommes, qui, joints aux forces régulières indiquées ci-dessus, composaient à l’Autriche une masse de cinq cent quarante-quatre mille combattants. Le prince Charles, ministre de la guerre et généralissime, commandait en Allemagne la principale armée, composée des six premiers corps et des deux réserves. Le prince Ferdinand était avec le septième en Pologne ; le prince Jean avec les huitième et neuvième en Italie. Tous les princes de cette maison prenaient part à la guerre.