corps de Masséna et d’Oudinot, qui ont tourné constamment la gauche de l’ennemi, sont toujours à même d’aider les corps engagés dans les journées des 20, 21 et 22. Davoust, tenant tête à la majeure partie de l’armée ennemie, reçut à propos les secours dont il avait besoin ; et s’il eût été poussé un peu le 21, l’armée aurait eu quelques lieues de moins à faire le 22, et des chances de succès de plus.
« Jamais on n’a mieux vu tout ce que peuvent le coup d’œil et l’à-propos. Ici, dans cet immense champ, pas un homme, pas un moment, pas le moindre avantage du terrain n’ont été perdus devant des ennemis qui ne savaient tirer parti ni des forces, ni du temps, ni des positions. Pas un combat n’était livré qui n’eût un but déterminé et souvent décisif. »
La stratégie semble surtout être la prédilection de l’auteur ; il en a fait et avec succès sa constante occupation. Il m’a montré la preuve authentique qu’il s’était exprimé, il y avait déjà deux ans, sur les célèbres campagnes d’Italie, en 1796, et celle de Marengo, précisément comme le fait l’Empereur dans ses dictées de Sainte-Hélène, qu’on vient de publier en cet instant ; c’est-à-dire qu’il avait deviné, saisi toutes ses idées et ses vues à cet égard. Il a fait un travail sur la topographie militaire du théâtre de la guerre en Italie, qui, présenté à Napoléon lors de son couronnement, le frappa tellement qu’il s’écria : J’aurais payé des millions pour avoir une telle chose quand je commandais ici. À ce talent reconnu, mais ignoré de Napoléon, se trouvaient réunis encore beaucoup de traits de courage très remarquables et grand nombre de blessures. Malheureusement la fatalité a voulu que les hautes chances offertes à nos braves se soient trouvées finies précisément à l’instant où celui-ci, entrant dans la garde, allait sortir de la foule. On sait que l’Empereur se plaisait à y puiser, et son coup d’œil si juste le faisait toujours à coup sûr. C’est sans entourage, sans intrigue, sans sollicitations aucunes qu’on a vu surgir inopinément les Lobau, les Drouot, les Bernard ; mon ami allait avoir son tour, son heure était venue.
« Les bords de l’Abens et de la Laber, dit-il, sont désormais devenus classiques pour l’art de la guerre. Les militaires iront étudier là, bien mieux que dans les livres, les théories des grandes opérations. Là ils verront inscrite pour des siècles la resplendissante gloire des armées françaises ! Là est un des plus beaux monuments, impérissable à jamais, tant qu’on lira dans l’histoire que des batailles ont été livrées par le même général et les mêmes troupes, le 19 à Thann, le 20 à Abensberg, le 21 à Landshut, le 22 à Eckmülh, le 23 à Ratisbonne. Là les militaires