Si Landshut eût été attaqué à temps par la rive droite, les corps de Hiller ne pouvaient plus se retirer et étaient entièrement écrasés sur les bords de l’Iser. Si Ratisbonne n’eût pas été livrée à l’Autriche, ses débris, accablés par toute l’armée française sur les bords du Danube, coupés de Straubing, privés de tout passage et de tout moyen de faire des ponts, étaient réduits aux dernières extrémités. Ainsi, sans ces deux contretemps, l’armée du prince Charles était entièrement détruite en quatre jours. Rien, du reste, n’en est échappé que par morceaux et en fuite.
À aucune époque de l’histoire on n’a vu une telle bataille, livrée sur un aussi grand terrain et dans des directions opposées, conduite à vue par la même tête, exécutée par les mêmes bras, avec une aussi rigoureuse précision, une telle rapidité et le meilleur emploi de tous les moyens, à moins qu’on en excepte toutefois, dans le début de Napoléon en Italie, Castiglione, Arcole et Rivoli surtout, où le génie avait devancé l’expérience.
« Il faut que les militaires se gardent bien de confondre ces manœuvres exécutées au loin, mais toujours en partant d’un centre unique, avec le système opposé de lignes étendues démesurément, sur lesquelles les plus grandes forces disparaissent, où le commandement suprême ne pouvant atteindre sur tous les points, la grande direction manque partout. L’un est le système des Daun, des Lascy, des Moreau ; l’autre celui de Frédéric et de Napoléon.
« Pendant ces batailles, tous ces mouvements de concentration et d’extension furent faits à la minute et dans la circonstance la plus opportune. Les troisième et quatrième corps, d’abord éloignés de plus de quarante lieues, se trouvèrent réunis dès le second jour par la manœuvre la plus audacieuse pour entrer sur la même ligne de bataille. Le quatrième corps fit en trois jours trente-six lieues, en poursuivant les lauriers que d’autres corps venaient saisir en avant de lui. Ensuite Napoléon fait des détachements successifs à mesure des besoins de tout ce vaste champ, qu’il embrasse dans tous ses points. Avant d’attaquer à Landshut, il détache Lefèvre pour venir au secours de Davoust ; avant Eckmülh, Bessières à la poursuite d’Hiller ; avant Ratisbonne, Masséna sur le bas Danube et le bas Inn ; à peine Ratisbonne est enlevée qu’il envoie à Landshut les grenadiers d’Oudinot, les Bavarois de Lefèvre, le corps de Lannes pour soutenir Bessières et former la tête de la colonne qui doit prévenir l’archiduc sur Vienne. Cependant Napoléon ne laisse pas un instant douteux le succès de ces belles combinaisons, car les