Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/81

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Pourquoi des destinées qui se développaient si éclatantes, et qui alors atteignaient la maturité du premier talent, devaient-elles être si vite terminées !!! Après ces illustres personnages ; les généraux, les officiers, toute l’armée, jeunes et vieux soldats, cavaliers et fantassins, Allemands et Français, tous se montrèrent dignes du grand capitaine.

« Ces victoires de Napoléon furent couronnées par les plus grands résultats. La désorganisation des armées de l’Autriche, l’ouverture des chemins de sa capitale, l’envahissement de ses provinces et la destruction des préparatifs d’invasion, des magasins, de la landwehr, des milices, etc. ; enfin la perte des conquêtes éphémères des archiducs Jean et Ferdinand, etc.

« L’Autriche se trouvait violemment frappée et plus qu’à demi vaincue. Mais ce coup terrible se ressentait bien plus loin encore dans toute l’Allemagne et même dans toute l’Europe. La coalition de 1809 venait d’être terrassée toute entière dans les champs de la Laber. Tous ses projets dépendaient de l’issue de la première bataille. Si l’affaire eût été douteuse, ou si elle eût été contraire à Napoléon, si seulement il avait différé son attaque, qu’il eût attendu ses ennemis ou porté des coups moins assurés, il eût été bientôt rejeté de l’autre côté du Rhin et accablé par l’Europe entière. En ce même moment éclataient les insurrections organisées dans le Tyrol, la Westphalie, la Prusse, mais les triomphes d’Eckmülh arrêtèrent l’embrasement qui allait s’étendre du Tyrol à la Baltique, raffermirent pour le moment la foi chancelante de la Prusse et de la Russie, retardèrent le départ de l’expédition anglaise, et dérangèrent le plan combiné contre la Belgique et la Hollande. Enfin ces triomphes comprimèrent aussi, à l’intérieur de la France et dans nos armées, ces intrigues que nous verrons s’y développer plus tard, etc.

« Cependant Napoléon ne devait pas laisser à l’Autriche le temps de réparer ses pertes, à la coalition celui de réunir ses forces et de renouer ses intrigues. Il fallait aller à Vienne pour forcer l’une et l’autre à la paix ; car celle-ci était toujours le but de toutes nos guerres, comme le prix de tous nos triomphes.

« Après Eckmülh se présente une grande question de guerre et de politique. Que devaient faire les chefs des deux armées ? On a récemment approuvé l’archiduc de s’être retiré en Bohême : on a blâmé Napoléon de ne pas avoir poursuivi une armée battue.

« Mais le prince Charles ne pouvait absolument faire autre chose que ce qu’il a fait. Il devait se mettre au plus vite à couvert ; il n’avait