pas de choix. Seulement il a marché encore trop lentement, etc.
« Napoléon aussi a fait ce qu’il devait. À deux marches en arrière de Ratisbonne, le prince Charles avait trouvé un pays de montagnes et de défilés, la Bohême, où la défensive est si favorable. À la droite du Danube, Hiller s’était rallié, renfoncé sur l’Inn, et même s’avançait sur Neumarck. Si Napoléon s’était engagé d’une ou deux marches au-delà de Ratisbonne, il laissait toute liberté au prince Charles de regagner, à Passau ou à Lintz, la rive droite du Danube, d’y faire sa jonction avec Hiller, de défendre les approches de Vienne et de se réunir plus tard au prince Jean. Napoléon perdait alors le plus beau fruit de la bataille d’Eckmülh ; et ce n’était pas pour les laisser rejoindre qu’il avait séparé les deux armées autrichiennes ; il eût abandonné par là tout l’avantage de la victoire, de sa position et du terrain. Pour aller de Ratisbonne à Vienne par la Bohême, le chemin est mauvais, difficile ; il forme un grand contour, un arc dont une autre route, belle, facile, directe, forme la corde. Or, c’est cette dernière qu’occupait Napoléon sur la rive droite du Danube. Vienne est sur cette même rive, entourée d’une forte enceinte, susceptible d’une grande défense. Il ne pouvait espérer de l’occuper que par une marche rapide, par un coup de main. Il ne pouvait donc hésiter un instant à y courir. Cette détermination lui présentait toutes sortes d’avantages : elle maintiendrait la séparation des diverses armées autrichiennes, concentrerait autour de cette capitale toutes les forces françaises de l’Allemagne et de l’Italie ; rappellerait au centre de la monarchie tous les corps ennemis destinés à faire insurger au loin les peuples contre la France : toute autre conduite eût été une faute.
« Aussi la marche sur Vienne s’exécute avec la même habileté qui en avait ouvert la route. C’est la même célérité dans la course, la même précision dans les mouvements, la même étendue dans l’ensemble. Des ordres partent aussitôt pour Eugène, Bernadotte, Poniatowski. Napoléon fait écrire au premier : « Avancez en toute confiance, l’Empereur va percer au cœur de l’Autriche ; l’ennemi ne tiendra pas devant vous, etc., etc. » Au dernier : « qu’il s’en rapporte à son zèle. »
« Cependant à côté de tant d’audace se multiplient toutes les mesures de prudence ; une première réserve se forme à Ratisbonne pour nous garantir la ligne d’opération sur la rive gauche du Danube ; une deuxième se forme à Augsbourg, pour assurer la ligne d’opération de la rive droite ; une troisième se forme sous le nom de corps d’observation de l’Elbe. Les places intermédiaires sont mises en état de défense. À