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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/868

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5° Je meurs prématurément, assassiné par l’oligarchie anglaise et son sicaire. Le peuple anglais ne tardera pas à me venger.

6° Les deux issues si malheureuses des invasions de la France, lorsqu’elle avait encore tant de ressources, sont dues aux trahisons de Marmont, Augereau, Talleyrand et de Lafayette. Je leur pardonne. Puisse la postérité française leur pardonner comme moi !

7° Je remercie ma bonne et très excellente mère, le cardinal, mes frères Joseph, Lucien, Jérôme, Pauline, Caroline, Julie, Hortense, Catherine, Eugène, de l’intérêt qu’ils m’ont conservé. Je pardonne à Louis le libelle qu’il a publié en 1820. Il est plein d’assertions fausses et de pièces falsifiées.

8° Je désavoue le manuscrit de Sainte-Hélène et autres ouvrages sous le titre de Maximes, Sentences, etc., que l’on s’est plu à publier depuis six ans : là ne sont pas les règles qui ont dirigé ma vie. J’ai fait arrêter et juger le duc d’Enghien, parce que cela était nécessaire à la sûreté, à l’intérêt et à l’honneur du peuple français, lorsque le comte d’Artois entretenait, de son aveu, soixante assassins à Paris. (Dans de semblables circonstances j’agirais de même.)


II.


1° Je lègue à mon fils les boites, ordres et autres objets, tels qu’argenterie, lit de camp, armes, selles, éperons, vases de ma chapelle, livres, linges qui ont servi à mon corps et à mon usage, conformément à l’état annexé, coté A. Je désire que ce faible legs lui soit cher, comme lui retraçant le souvenir d’un père dont l’univers l’entretiendra.

2° Je lègue à lady Holland le camée antique que le pape Pie VI m’a donné à Tolentino.

3° Je lègue au comte Montholon, deux millions de francs comme une preuve de ma satisfaction des soins filials qu’il m’a rendus depuis six ans, et l’indemniser des pertes que son séjour à Sainte-Hélène lui a occasionnées.

4° Je lègue au comte Bertrand cinq cent mille francs.

5° Je lègue à Marchand, mon premier valet de chambre, quatre cent mille francs. Les services qu’il m’a rendus sont ceux d’un ami : je désire qu’il épouse une veuve, sœur ou fille d’un officier ou soldat de ma vieille garde.

Idem à Saint-Denis, cent mille francs.

Idem à Novarre, cent mille francs.

Idem à Peyron, cent mille francs.

Idem à Archambaud, cinquante mille francs.

10° Idem à Corsot, vingt-cinq mille francs.

11° Idem à Chandellier, idem.

12° Idem à l’abbé Vignali, cent mille francs. Je désire qu’il bâtisse sa maison près de Ponte-Novo de Rostino.

13° Idem au comte de Las Cases, cent mille francs.

14° Idem au comte de Lavalette, cent mille francs.

15° Idem au chirurgien en chef Larrey, cent mille francs. C’est l’homme le plus vertueux que j’aie connu.

16° Idem au général Brayer, cent mille francs.

17° Idem au général Lefèvre Desnouettes, cent mille francs.

18° Idem au général Drouot, cent mille francs.

19° Idem au général Cambronne, cent mille francs.

20° Idem aux enfants du général Mouton-Duverney, cent mille francs.