Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/96

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du rideau se couronner d’artillerie, de masses de cavalerie, de colonnes profondes d’infanterie. Ces préparatifs formidables menaçaient le terrain vide qui séparait les corps de Lannes et de Masséna, et la direction la plus courte sur nos ponts. Une attaque vive et franche de l’archiduc, avec ses réserves et les troupes inutiles sur la ligne, pouvait, en peu de minutes, accomplir la perte de l’armée. Déjà ces masses étaient à petite portée de notre ligne ; heureusement l’ennemi perd, en examens et en mouvements préparatoires, le temps qu’il fallait employer à agir avec vigueur. Napoléon, qui voit ce danger terrible, dirige au centre tout ce qu’il peut trouver de disponible dans notre artillerie, en très grande partie démontée ; il fait marcher vers les flancs des masses autrichiennes quelques troupes déjà excédées de fatigue, et envoie Bessières charger avec la cavalerie, non plus pour la victoire, mais pour le salut de l’armée. Il faut donner tête baissée dans cette colonne pour l’arrêter, c’était un acte d’absolu dévouement. Nous n’avions plus en arrière de notre centre qu’une seule réserve d’infanterie ; il est vrai que c’était la vieille garde, cette héroïque élite que pendant si longtemps il a suffi de montrer à nos ennemis pour arrêter ou contenir leurs plus grands efforts.

« Bessières, malgré les pertes de sa cavalerie, charge audacieusement