Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/10

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qui a suivi la grande Révolution. Il nous suffira de citer, comme preuve de ce fait, Morelly, Diderot, Babœuf, Saint-Simon, Fourier, Vidal, Auguste Comte, Pecqueur, Cabet, Pierre Leroux, Proudhon, Louis Blanc, Dezamy, Raspail, Buchez, de Toureil, Blanqui, et leurs écoles[1].

Sans doute, dès cette époque (c’est-à-dire avant 1845), d’autres nations avaient produit des penseurs socialistes éminents, mais presque tous étaient des disciples plus ou moins orthodoxes des socialistes français ; nous n’en exceptons pas les précurseurs belges du collectivisme[2] dont les données, originales au premier abord, étaient surtout une synthèse subjective faite de communisme, de saint-simonisme, de fouriérisme et de libéralisme.

Après la défaite de la Révolution de 1848, on pouvait déjà constater que l’élaboration socialiste avait cessé d’être l’œuvre principale de la France, et déjà, malgré les ténèbres de réaction qui enve-

  1. Vidal, Pecqueur et Dezamy ont une place à part parmi les socialistes français ; les deux premiers furent plutôt des économistes-socialistes ; le troisième, dans son Code de la communauté, rompit avec le spiritualisme régnant ; son communisme anarchiste et athée avait une allure toute scientifique. Ces trois publicistes doivent aussi être comptés parmi les précurseurs du socialisme scientifique, ce qui explique leur insuccès dans un temps où l’utopie et le sentimentalisme régnaient en maîtres.
  2. Jottrand, Bartels et Kats. — De Keyser ne vint que plus tard (1854), quand la période socialiste française était déjà épuisée. Même observation pour l’école (collectiviste) franco-belge de Colins et de Polter, qui ne commença à se faire connaître que vers 1850. Il faut pourtant noter que vers 1835 Colins avait préconisé le collectivisme dans un livre, sans nom d’auteur, intitulé le Pacte social.