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INTRODUCTION


I

LE DÉVELOPPEMENT DU SOCIALISME THÉORIQUE EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE


Si l’on fait abstraction des idées de réforme et de transformation sociale, qui se sont manifestées dans le cours de l’histoire, sous des formes diverses, tantôt théoriquement et tantôt par les tentatives de réalisation ; si, conformément à l’opinion courante, on fait dater le mouvement socialiste proprement dit de la Révolution française, on doit considérer la France comme la grande initiatrice du Socialisme. C’est, en effet, la France qui a produit, sauf quelques exceptions[1], tous les chefs d’écoles qui ont passionné l’opinion pendant le demi-siècle

  1. Tels sont Robert Owen et Bray en Angleterre. Leur prédécesseur Spence relevait de Rousseau, comme leur contemporain F. R. O’Brien était un disciple de la Révolution française.
      Notons ici, à titre de simple renseignement, que le grand socialiste russe Tchernychewsky (1856-1863) procède surtout d’Owen et de Fourier ; il donna leurs idées générales pour couronnement aux constatations scientifiques des fondateurs de l’économie politique.
      Les socialistes russes Herzen et Ogareff, qui écrivirent avant 1848 méritent d’être mentionnés parmi les précurseurs du socialisme scientifique, au même titre que les socialistes allemands dont il va être parlé. Bakounine n’écrivit qu’après 1860 et n’eut théoriquement aucune part à ce mouvement.