Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/40

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aptitudes de notre nature. Par conséquent, c’est dans le besoin, dans l’instinct de satisfaction de ce dernier que se trouve la véritable impulsion, le ressort caché, qui met et maintient l’homme en mouvement pour l’obtention des buts signalés ; il agit d’autant plus irrésistiblement que nous ne pouvons pas vivre sans la satisfaction d’un grand nombre de ces besoins et qu’il coïncide, ainsi, avec l’instinct de conservation, le plus puissant des instincts chez tous les êtres vivants. Du sein de la satisfaction, son opposée, comme but et repos, naissent pourtant continuellement de nouveaux besoins, pour y être ensevelis à leur tour dans la circulation permanente.

« Je vous renvoie aux exemples de faim et de soif cités plus haut. Avec la dernière bouchée commence déjà la digestion ; avec les premiers pas et les premières manipulations du matin commence la dépense de forces, – toutes deux sources d’une nouvelle faim, d’une nouvelle lassitude.

« Mais l’homme est un être doué de spontanéité et de conscience, de raison et de libre arbitre. C’est pourquoi, d’un côté, il est en état de reconnaître et de comprendre la loi de cette circulation, la plus ou moins grande nécessité des besoins isolés, leur retour périodique, tandis que, d’un autre côté, il ne peut pas manquer de faire tous ses efforts pour se créer une position assurée, dont dépend si essentiellement toute son existence, et de déployer tout le pouvoir dont il est capable pour la dominer et la régulariser. Nous savons que demain et les jours suivants nous devons manger, que nous avons besoin d’un toit et de vêtements ; nous connaissons le changement des saisons, les nécessités croissantes de notre famille qui augmente les exigences des entreprises commerciales, et nous faisons naturellement tout pour avoir, en temps voulu, le nécessaire à notre disposition. Et ici, avec cette intervention consciente de l’homme dans la circulation indiquée de son existence, composée de besoin, — effort, — satisfaction, nous voilà devant le grand agent, la force suprême, la cause efficiente de l’économie humaine, dont nous nous