Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/41

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occupons particulièrement en ce moment ; nous voilà devant le travail. Car le travail est justement toute l’activité humaine consciente, dirigée dans la prévoyance des besoins à venir et pour leur satisfaction. L’homme seul peut travailler dans ce sens, car il est le seul parmi tous les êtres de la terre auquel la nature ait accordé ces facultés : raison et volonté. Certes, l’animal emploie aussi ses forces pour la satisfaction de ses besoins, mais, ordinairement, ce n’est qu’au moment où il ressent ce besoin, et jamais au delà. Cela ne s’appelle pas plus travailler que lorsque un voyageur, pour se désaltérer, puise de l’eau à une fontaine qu’il trouve sur son chemin, ou bien cueille un fruit pour apaiser sa faim momentanée. Ce n’est que lorsqu’on met de l’eau dans des vases, pour l’usage d’un ménage, qu’on rassemble des baies ou des fruits pour les avoir en réserve, qu’on peut dire qu’on y travaille, puisqu’il s’agit alors d’un calcul, d’une prévoyance de l’avenir. »

Ainsi, comme vous le déclarez positivement, le travail n’est que l’activité humaine réglée, ayant pour but la satisfaction des besoins futurs prévus.

C’est avec un suprême sans-gêne que vous dites ces grands mots. Selon vous, l’activité dirigée à la satisfaction des besoins présents n’est pas du travail.

Au lieu de voir la différence entre le travail humain et l’activité de l’animal, simplement en ce que l’homme travaille consciemment, tandis que l’activité de l’animal est inconsciente, d’où il résulte naturellement que l’homme, en raison de son activité consciente, emploiera aussi cette activité pour les besoins à venir, en tant que les besoins présents lui en laisseront la faculté, vous allez beaucoup plus loin, et vous posez en fait que l’activité humaine se distingue de celle de l’animal