Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

munauté et sans elle aucune culture n’aurait pu naître.

Le maître et l’esclave, selon Aristote[1], posent la première base de l’économie.

La famille, la tribu, conceptions diverses dans lesquelles, pendant longtemps, il n’existait directement aucune responsabilité de soi-même et aucune responsabilité morale, sont à l’origine de toute vie sociale.

Je vais vous expliquer cela, monsieur Schulze. L’antiquité, tout le moyen âge, jusqu’à la Révolution française de 1789, cherchaient la solidarité humaine ou la communauté dans le lien social obligatoire (Gebundenheit) ou dans l’assujettissement.

La Révolution française de 1789 (et avec elle la période historique qu’elle influence), révoltée avec raison contre ce lien obligatoire, chercha la liberté dans la solution de toute solidarité et de toute communauté. Mais elle ne conquit pas la vraie liberté, elle conquit seulement l’arbitraire individuel : car la liberté sans la solidarité, c’est l’arbitraire.

Le temps nouveau, le temps présent cherche la solidarité dans la liberté.

Voilà, en résumé, tout le sens, toute la suite de l’histoire jusqu’à présent.

Mais, pour montrer encore plus clairement les méprises exorbitantes qui s’entrecroisent dans le chaos de votre irréflexion, je veux répéter vos dernières paroles, pour y joindre aussitôt la phrase qui suit immédiatement.

Vous dites :

« Sur ce double principe que chacun doit porter lui-même les conséquences de sa conduite et de ses actions

  1. Arist. Polit., lib. I. c. I et II.