Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/87

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parce que vous avez tué chez eux la pensée à un tel point qu’ils ne savent plus du tout ce que signifient les phrases qu’ils accueillent de leurs bravos !

Quand vous dites que dans la société humaine les forces et les moyens de l’homme dépassent de beaucoup ses besoins, on n’y peut rien objecter, excepté ce que j’ai déjà prouvé plus haut, que pour vous l’actionnaire du chemin de fer de Cologne-Minden représente « le travailleur » et que en conséquence directe M. Léonor Reichenheim est pour vous l’homme, l’homme normal, personninifiant l’espèce.

Ou peut-être dans cette phrase que dans la société les forces de l’homme dépassent de beaucoup ses besoins vous avez pris l’expression vague, et à double sens : les forces de l’homme, non pas dans le sens que je lui ai attribué en l’expliquant et en l’exprimant par les mots : les forces et les moyens de l’homme. Vous l’avez pris peut-être dans le sens que dans la société les forces productives de l’homme dépassent de beaucoup ses besoins, mais non pas ses moyens, et que, bien qu’il produise beaucoup au-dessus de ses besoins, il ne profite pas pour cela de ses propres moyens. Mais, si tel est le cas, où reste donc cet excédant que l’homme produit dans la société au delà de ses besoins et qu’il n’obtient pas ? Cet excédant des forces productives humaines passe donc dans les poches d’autrui.

Et, de la sorte, vous approuveriez tout ce que je dis et tout ce que vous attaquez !

Car c’est précisément mon observation qu’aujourd’hui l’homme produit et peut produire autant qu’il lui faut à la satisfaction de ses besoins, mais que par l’organisation actuelle de la production ses forces productives ne se convertissent pas pour lui en moyen de vivre.