Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/153

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formait un moment assez justifié, assez révolutionnaire. Et c’est ce qui leur a donné la force de se développer victorieusement et de réduire les mouvements des paysans et des nobles.

Je me suis, Messieurs, un peu fortement appesanti sur ce point, d’abord pour vous montrer la logique et le progrès de la liberté dans l’évolution historique par un exemple où elles n’éclatent nullement si on l’examine superficiellement. En second lieu, parce que les historiens sont encore fort éloignés de reconnaître ce caractère réactionnaire du mouvement paysan et l’unique raison de son échec. Au contraire, trompés par les apparences extérieures, ils tiennent la guerre des paysans pour un mouvement réellement révolutionnaire.

En troisième lieu, parce qu’à toutes les époques ce spectacle s’est souvent renouvelé, parce que des hommes dont la pensée était peu claire, — et, Messieurs, à ce nombre peuvent appartenir les personnes les plus instruites en apparence, des professeurs fort souvent et en très grand nombre, l’église Saint-Paul à Frankfort nous en a donné le spectacle — tombent dans l’illusion incroyable de considérer ce qui constitue précisément l’expression intellectuelle la plus conséquente et la plus pure de la période qui finit, précisément comme un nouveau principe révolutionnaire.

Je voudrais, Messieurs, vous mettre en garde contre ces hommes qui ne sont révolutionnaires que dans leur propre imagination, en garde contre leurs tendances, car ils ne nous feront pas plus défaut dans l’avenir qu’ils n’ont manqué dans le passé.

Mais nous pouvons cependant nous consoler en remarquant que les nombreux mouvements qui ont échoué