Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/152

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Vous voyez aussitôt, Messieurs, qu’en dernière analyse ce plan aboutit seulement à la mise en pratique plus conséquente et plus juste du principe sur lequel se fondait cette époque arrivée déjà à son déclin, à la mise en pratique plus conséquente, plus pure et plus juste du principe, en vertu duquel la propriété foncière devait constituer l’élément dominant, la condition qui permettait à chacun de participer au pouvoir dans l’État. Que chacun pût prétendre y participer sans être en possession d’une terre parce qu’il était un homme, un être pensant, — c’est ce que les paysans n’imaginaient pas le moins du monde. Les conditions de l’époque n’étaient pas encore assez développées, la pensée d’alors n’était pas encore assez révolutionnaire.

Ainsi, ce mouvement des paysans, qui en apparence avait manifesté une décision si révolutionnaire, était au fond complètement réactionnaire. Au lieu de s’appuyer sur un principe nouveau, sur un principe révolutionnaire, il se fondait, sans le savoir, sur le principe ancien, sur le principe existant, sur le principe de la période qui précisément disparaissait, et c’est parce que se tenant pour révolutionnaire, le mouvement était en fait réactionnaire, que la guerre des paysans échoua.

Comparé aux soulèvements des paysans et des nobles (Franz de Sickingen) qui avaient ce principe commun de fonder, d’une façon plus conséquente que ce n’était le cas jusqu’alors, la participation à l’autorité publique sur la propriété foncière — comparé à ces soulèvements, le mouvement qui emportait les princes, poussés par l’idée d’une « souveraineté publique » indépendante de la propriété foncière, qui représentaient une « idée de l’État » indépendante des conditions de propriété privée