Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chands. Même le Régent se vit contraint de rendre en août 1717 des édits qui proclamaient que les nobles, sans déchoir, pouvaient entrer au service maritime et militaire de ces compagnies commerciales. C’était donc là qu’en était venue la fière noblesse française, la féodalité militaire ; elle n’était plus que le commis armé au service des entreprises commerciales et industrielles de la bourgeoisie qui fouillait toutes les parties du monde.

Parallèlement à cette transformation s’était déjà développé un matérialisme, une lutte ardente et cupide pour la possession de l’argent et des biens auxquels on sacrifiait toutes les idées morales et même tous les préjugés de classe, ce qui pour les privilégiés a une signification bien autrement importante encore. Sous ce même Régent, le comte de Horn, personnage de la plus haute noblesse, apparenté aux plus grandes familles de France et au Régent lui-même, fut roué comme un simple brigand et la duchesse d’Orléans, princesse allemande, écrit dans une lettre du 29 novembre 1719, que six dames des plus distinguées avaient un jour attendu dans une cour Law dont nous avons déjà parlé et qui était alors l’homme le plus célèbre, mais aussi le plus occupé de France et dont, par suite, il était fort difficile de s’assurer. Elles voulaient le déterminer à leur abandonner quelques-unes de ces actions lancées par lui, que s’arrachait alors toute la France et qui à la Bourse avaient un cours sept ou huit fois plus élevé que le prix nominal auquel elles avaient été émises. Le financier était fort pressé, ne voulait rien entendre, et dit enfin aux dames qui ne voulaient pas lui laisser quitter la place : « Mesdames, je vous demande mille pardons, mais si vous ne me laissez