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tion d’une marchandise en grandes masses crée et augmente son bon marché. Un fabricant qui par an écoule par exemple deux cent mille pièces de cotonnade, grâce au travail moins coûteux de la matière première effectué en gros et parce que le profit de son capital ainsi que les intérêts de ses avances industrielles, bâtiments, machines, se répartissent sur un grand nombre de pièces, peut, dans certaines limites, fournir chaque article à un prix bien moindre qu’un fabricant qui ne produit que cinq mille pièces par an. Le meilleur marché de la production conduit donc à la production en grand, celle-ci amène à son tour un bon marché plus grand encore, qui fait naître une production de masses encore plus considérables, et celle-ci, à son tour, suscite un bon marché plus grand encore, et ainsi de suite.

Il en est exactement de même au sujet de la division du travail, qui elle, à son tour, est la condition nécessaire de la production en masse et du bon marché, et sans laquelle ni bon marché, ni production en masse ne seraient possibles.

La division du travail décompose la fabrication d’un produit en un grand nombre d’opérations très simples, souvent purement mécaniques et n’exigeant pas d’intelligence, et confie à un travailleur spécial chacune de ces opérations partielles ; elle ne serait pas possible sans la production en masse de cet article ; elle est suscitée et développée par cette dernière. Par contre, cette décomposition du travail en opérations très simples conduit : 1° à un prix de plus en plus bas, 2° par suite, à une production en masses de plus en plus considérables, de plus en plus gigantesques, à la nécessité de ne plus