Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/204

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lieu de mettre ainsi le pouvoir exécutif dans l’inévitable alternative soit de respecter le droit constitutionnel du parlement, soit de renoncer à toute apparence constitutionnelle, au lieu de le forcer à fonctionner publiquement et franchement comme gouvernement absolu, au lieu de le contraindre à prendre sur lui cette effroyable responsabilité, de l’amener à provoquer la crise qui, à la longue, devait être le fruit d’un absolutisme ouvertement déclaré —, au lieu d’agir ainsi, le parti progressiste met lui-même le gouvernement en mesure de réunir au profit du pouvoir absolu tous les avantages d’une situation en apparence constitutionnelle.

Et au lieu de précipiter le gouvernement dans un absolutisme publiquement déclaré, au lieu d’éclairer la nation sur l’inconstitutionalisme de la situation, en consentant à garder son rôle dans cette comédie du constitutionalisme apparent, ce parti contribue à entretenir une illusion qui, comme tout régime reposant sur une erreur, égare l’intelligence et déprave la moralité de la nation[1].

Un tel parti montre ainsi qu’en face d’un gouvernement décidé il est impuissant et le sera toujours.

Un tel parti montre par là même qu’il est complètement incapable de favoriser le moins du monde les intérêts de la liberté.

Un tel parti montre encore qu’il ne peut prétendre à aucune sympathie parmi les classes démocratiques de la nation. Il n’a aucun sens, aucune compréhension du sentiment de l’honneur politique dont la classe ouvrière doit être pénétrée.

  1. Cf. sur ce sujet de plus longs développements dans ma brochure : De l’essence d’une constitution. II.