Page:Lassalle - Discours et pamphlets.djvu/210

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les expositions erronées, les conclusions qui ne découlent nullement des prémisses en forment la matière. D’ailleurs il ne peut répondre ni à votre but ni à mon intention ne m’étendre sur une critique des opinions économiques et des conférences théoriques de Schulze-Delitzsch, de dévoiler les illusions et les fausses conclusions qu’il partage avec toute l’école libérale, à laquelle il appartient comme théoricien, comme économiste. Je serai d’ailleurs obligé de revenir plus tard sur le contenu principal de ces doctrines.

Mais, en troisième lieu, Schulze (de Delitzsch) possède encore une nature pratique, qui dépasse à certains égards son point de vue théorique.

Il est le seul membre de son parti, du parti progressiste, — et il faut lui en savoir d’autant plus gré, — qui ait fait quelque chose pour le peuple.

Grâce à son activité infatigable, bien que restant complètement isolé, à un moment de furieuse répression, il s’est fait le père et le fondateur de la coopération allemande ; il a donné ainsi à la cause de l’association en général une impulsion dont les conséquences sont des plus vastes. Aussi, quelle que soit l’ardeur avec laquelle je le combats, je ne lui en serre pas moins chaleureusement la main en reconnaissance de ce service. Le premier devoir d’un homme — et surtout la classe ouvrière doit bien s’en pénétrer — est de pratiquer la véracité et l’équité même vis-à-vis d’un adversaire.

Aujourd’hui, le mouvement ouvrier allemand discute s’il faut entendre l’association dans le sens de Schulze ou dans le sens de Lassalle. C’est en grande partie à lui qu’on le doit, c’est là le véritable service qu’il a rendu, service qu’on ne saurait trop priser.