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Mais la chaleur avec laquelle je le reconnais ne doit pas nous empêcher de soumettre la question à une critique pénétrante.

« Les associations de Schulze-Delitzsch, les sociétés de crédit et d’avances, de matières premières et de consommation peuvent-elles avoir pour effet d’améliorer la situation de la classe ouvrière ? »

À cette question il faut répondre nettement par la négative.

Il me sera facile de vous le démontrer brièvement.

Les sociétés de crédit et d’avances et les sociétés pour l’acquisition de matières premières ont ce point de commun : elles ne servent que les intérêts du citoyen qui exerce un métier pour son propre compte ; elles ne favorisent que le petit artisan. Ces deux espèces d’associations sont comme si elles n’existaient pas pour la classe ouvrière entendue au sens étroit du mot ; elles sont comme nulles et non-avenues aux yeux de l’ouvrier qui, employé dans les fabriques et dans la grande production, ne possède pas en propre une exploitation exigeant du crédit et des matières premières.

L’aide qu’elles prêtent ne peut donc s’adresser qu’à la petite industrie, aux artisans.

Mais nous plaçant même à ce point de vue, vous voudrez bien retenir et graver dans votre esprit deux conditions essentielles.

En premier lieu, l’évolution nécessaire de notre industrie remplace de jour en jour davantage par la fabrique, par la grande industrie, la petite industrie des artisans, l’industrie naine, comme on l’a également désignée. Cette évolution jette journellement un nombre de plus en plus considérable d’artisans dans la classe