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mon opinion vous convaincront mieux encore que ce témoignage.

Jusqu’où peut s’étendre l’effet des associations de crédit et des sociétés destinées à procurer à bon compte des matières premières de bonne qualité ? Elles peuvent permettre à l’artisan dépourvu de moyens d’entrer en concurrence avec celui qui possède, lui donner le faible capital suffisant pour conduire sa petite exploitation. Elles sont donc tout au plus capables de faire de l’artisan pauvre l’égal de l’artisan aisé, de mettre le premier dans la même situation que son maître qui possède en propre le capital suffisant pour exploiter sa petite industrie. La situation est la suivante : les maîtres artisans ne peuvent plus soutenir la concurrence du grand capital et la production en masse des fabriques. La réduction des coûts de production que rend possible la grande industrie, la modicité du taux de profit qui dans la production en masse retombe sur chaque article ainsi que d’autres avantages encore qu’entraîne ce mode d’exploitation le leur interdisent. Les sociétés de crédit et de matières premières peuvent donc, tout au plus, mettre le petit artisan pauvre sur le pied d’égalité avec le maître qui possède un capital suffisant. Mais ce dernier lui même ne peut soutenir la concurrence du grand capital. Le résultat serait donc le même pour l’artisan qui exercerait son métier à l’aide de ces sociétés.

Du point de vue du petit artisan, ces associations ne peuvent donc que prolonger la lutte à mort au cours de laquelle la petite industrie est fatalement destinée à succomber et à céder la place ; elles ne peuvent que augmenter les tourments de cette lutte et arrêter inuti-