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lement le progrès de notre civilisation. C’est là tout l’effet dont elles sont susceptibles à l’égard des petits artisans. Par contre, elles n’intéressent en rien la classe ouvrière proprement dite qui, employée dans l’industrie, s’accroît chaque jour.

Il nous reste donc à examiner les sociétés de consommation.

Admettons que l’action de ces associations s’étende à toute la classe laborieuse.

Elles n’en sont pas moins également impuissantes à améliorer le sort de l’ensemble de cette classe. Trois raisons le prouvent qui, au fond, se réduisent à une seule.

1) Le préjudice qui frappe la classe ouvrière ne l’atteint, comme nous le montrera la loi économique que j’exposerai en second lieu, que dans la production et non dans la consommation. C’est donc prêter une fausse assistance au travailleur que de vouloir l’aider comme consommateur, au lieu de porter remède au mal qui le blesse réellement, au lieu de lui porter secours comme producteur.

À titre de consommateurs nous sommes en général sur le pied d’égalité. De même que devant le gendarme, devant le vendeur tous les hommes sont égaux — pourvu qu’ils paient.

Il est vrai que l’ouvrier ne jouit que d’une capacité de paiement restreinte. Il en résulte pour lui un dommage secondaire, mais qui n’a rien de commun avec le mal principal, avec le cancer dont il souffre. Il lui faut acheter les objets dont il a besoin au plus petit détail et devenir ainsi la proie de l’usure pratiquée par les petits boutiquiers, les « shopkeepers ». Les sociétés de